La suprématie de l’Homme ne réside ni dans sa force, ni dans son intelligence. De tout temps, son évolution ne cesse de repousser les limites du possible grâce à un atout unique : sa créativité. En enchaînant les inventions, des premiers outils jusqu’à l’intelligence artificielle, les humains ne se sont jamais arrêtés d’innover.
Mais l’innovation présente toujours une limite. Qu’elle soit technologique, économique ou même écologique, beaucoup de facteurs peuvent venir freiner cette créativité démiurge. Cependant, l’Homme a trouvé un moyen très simple d’assouvir son besoin créatif sans se heurter aux limites du possible. Et ce, grâce à une tradition millénaire : Les histoires. Naquirent alors des milliers de récits imaginaires permettant d’explorer de nouveaux mondes, de nouvelles technologies ou même de nouveaux paradigmes sociaux. Avec toujours en tête l’objectif de repousser la frontière du possible. C’est la naissance de la science-fiction.
Alors que l’on a longtemps pensé que les auteurs de ce genre avaient la tête dans les étoiles (parfois littéralement), il s’avère qu’ils avaient pourtant bien les pieds sur terre. Penser la science-fiction uniquement comme de la fiction, c’est ne comprendre que la moitié du terme. Et quand certains récits semblent en tout point irréalistes et invraisemblables, il en existe de nombreux exemples qui ont su anticiper notre monde moderne et ses inventions.
Qu’ils soient en avance sur leur temps ou qu’ils aient inspiré de nouvelles générations, ces auteurs ont contribué à façonner la société dans laquelle nous vivons et ont, à leur manière, changé le monde.
Découvrez 4 fois où la fiction a dépassé le réel.
1: Les téléphones portables
Moins de 50 ans en arrière, il était impensable d’avoir ou outil qui rentre dans une poche et qui puisse connecter l’ensemble des humains sur Terre. Dans les années 90, les téléphones étaient fixes, ou ressemblaient à de grosses boîtes encombrantes et à un prix exorbitant. Pourtant, les téléphones sont aujourd’hui omniprésents et consomment un cinquième de notre temps quotidien.
Pourtant, en 1966, le futur de la téléphonie est déjà là, non pas dans le service innovation d’une entreprise technologique, mas dans Star Trek. Dans cette célèbre série, on peut y voir les forces de débarquement utiliser un outil qui nous est bien familier : le communicateur.
Présenté comme “des systèmes de communication portables utilisés par de nombreuses espèces pour permettre les liaisons de personne à personne” dans le Fandom dédié à la série, on reconnaît très vite la fonction de cet outil, mais surtout son design iconique : un bout de plastique de la taille d’une main, avec un clapet pouvant se rabattre dessus.
Seulement, le premier téléphone a clapet ne verra le jour que 30 ans plus tard, avec un nom bien particulier : StarTac. Une belle manière de montrer le (gros) clin d’œil à la série. En effet, la marque déclare ouvertement s'être inspirée du communicator pour sortir son premier “clamshell” (téléphone à clapet en français).
Cet exemple montre à quel point l’invention d’une technologie de science-fiction peut pousser des industriels à concevoir un produit similaire dans notre monde. Et ce n’est pas qu’une question d’inspiration esthétique puisque le design des téléphones a eu un impact considérable sur notre manière de les utiliser et des comportements qui l’ont suivi.
2: Minority Report
Le second exemple de cet article traitera d’une institution des œuvres de science-fiction : Minority Report. Ce film de 2002 est un exemple de comment la fiction peut inspirer le réel.
Le film de Spielberg est une adaptation de l’histoire écrite par Philip K. Dick, connu pour la capacité d’anticipation de ses œuvres de fiction. Dans Minority Report, l’histoire tourne autour d’une unité de police qui utilise des médiums pour prédire les crimes avant qu’ils ne soient commis. Et si l’histoire tourne autour de la prédiction, le film fait lui aussi preuve d’une grande qualité d’anticipation avec plusieurs innovations qui apparaissent dans le futur.
Par exemple, nous pouvons voir dans l’œuvre un système de reconnaissance de mouvements pour suivre les gestes des personnages. Ce n’est que 8 ans plus tard que sortira pour le grand public la “kinect”, première console de jeux équipée d’un détecteur de mouvement pour jouer à des jeux-vidéos.
D’autres innovations voient aussi le jour dans le film, comme le concept de smart-city qui se démocratise doucement, l’utilisation des drones à des fins de surveillance ou encore la reconnaissance d’iris et les écrans tactiles. On a vu aussi récemment les premiers cas de justice prédictive s’immiscer dans le monde réel. Avec l’essor de l’intelligence artificielle, il est désormais “à la portée” des États de créer des algorithmes tentant de prédire d’éventuels crimes ou infractions qui pourraient avoir lieu dans un futur proche. Ce qui pose de sérieuses questions de libertés individuelles et de déterminisme.
Mais l’un des faits le plus marquant n’est pas une technologie en tant que telle, mais plutôt un usage : le zoom.
Dans une des scènes iconiques du film, on voit Tom Cruise utiliser le fameux programme de reconnaissance gestuelle pour utiliser un ordinateur par les mains (technologie que l’on retrouve chez Iron Man puis développée par Elon Musk). Si les scénaristes ont bien briefé l’acteur pour qu’il soit réaliste pendant la scène, il a improvisé le geste du zoom au dernier moment lors du tournage.
Cette improvisation a conduit l’inclusion de cette fonctionnalité dans bon nombre d’interfaces tactiles que nous utilisons aujourd’hui comme les smartphones et tablettes, mais aussi sur les trackpads d’ordinateurs portables.
C’est peut-être l’un des exemples les plus impressionnants, puisqu’un simple geste improvisé a structuré l’usage de nos outils modernes pour la grande majorité de la population mondiale.
3: Black Mirror
Pour ce troisième exemple, il faut pousser la science-fiction un peu plus loin pour arriver à un sous-genre bien précis : l’anticipation.
Là ou la science-fiction se permet d’explorer, les récits d’anticipations cherchent précisément à comprendre le monde dans lequel nous vivons pour tenter de prédire ce qui adviendra du futur. Et dans ce registre, quoi de mieux que la série britannique Black Mirror sur Netflix.
Avec ses épisodes tous plus inquiétant les uns que les autres, la série met en scène des futurs dystopiques où la technologie malmène l’Homme, d’une manière ou d’une autre.
Dans l’épisode “Chute Libre” de la 3ème saison, nous suivons la journée infernale d’une citoyenne qui perd tout. Dans ce monde, chaque individu possède un score étant la moyenne des notes que la population lui attribut. Et nous voyons comment, à partir d’un simple smoothie, la vie d’une personne peut dégringoler et passer de la personne parfaite à une paria qui finit en prison. (oups spoiler)
Cet épisode met en lumière certains aspects (néfastes) des réseaux sociaux et aborde le sujet de la reconnaissance sociale, dopée à l’ère du numérique. Cependant, un autre message vient nous prévenir d’un concept émergent dangereux : le capitalisme de surveillance. Une société dirigée par l’image et où une entité a le pouvoir d’observer les moindres faits et gestes d’une population tout entière. Et qui, bien sûr, utilise ces informations pour faire loi et punir celles et ceux qui la dépassent.
Bien loin de la science-fiction, c’est en Chine que le projet de société de la surveillance a vu le jour en 2014 et s’est démocratisé dans les années 2020. Avec des millions de caméras et des algorithmes de reconnaissance faciale, chaque action de chaque citoyen est analysée et enregistrée pour lui attribuer une note. Cette note détermine l’accès à certains biens et services, et va jusqu’à interdire la sortie du territoire si elle est trop basse.
En plus de cette pression technologique, une pression sociale est instaurée en affichant publiquement les personnes en dessous d’un certain seuil. Créant une sensation de contrôle omniprésent à l’image de la prison panoptique de Bentham, grandeur nature.
Ce sentiment est particulièrement bien transmis dans l’épisode de Black Mirror, en avance sur son temps.
4 : Harry Potter
Pour notre dernier exemple, éloignons-nous un peu de la science-fiction pour aller sur quelque chose de plus fantastique : Harry Potter.
De manière anecdotique, on peut penser aux fameux cadres photos “qui prennent vie” qui inspirent très largement les télévisions "The Frame" de Samsung, ou encore les encarts de journaux qui s’animent par petites boucles, et qui prédisent parfaitement bien la plus grande invention de l'histoire de l’humanité : les GIFS.
Mais dans ce monde de sorciers, parmi l’infinité d’inventions toutes plus folles les unes que les autres, il y a un objet qui a retenu l’attention de quelques moldus de notre monde qui ont décidé de lui donner vie.
C’est l’une des trois reliques de la mort : la cape d’invisibilité.
Cette célèbre cape que possède Harry Potter lui est très utile dans l’œuvre pour se cacher des regards indiscrets ou s’introduire quelque part sans se faire repérer. Mais il est évident qu’une telle capacité pourrait, dans notre monde, se révéler être un véritable atout stratégique pour des conflits armés ou dans le cadre d’espionnage.
Et ce ne sont pas les armées des différents pays qui diront le contraire. Puisque l’entreprise Hyperstealth Biotechnology Corp travaille, pour les armées de plusieurs pays, sur des matériaux courbant la lumière pour rendre invisible leurs utilisateurs.
Évidemment, l’avancement de ce projet n’est pas aussi imperceptible qu’une cape magique de livre pour ado, mais les progrès sont très encourageants pour la suite.
Et l’on peut se poser la question de “pourquoi parler d’objets magiques” dans un article sur la science-fiction ? La réponse vient d’une des trois lois d’Arthur C. Clarke, auteur de science-fiction et futurologue :
“Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie”
Jusqu’à présent, la science-fiction inspirait le monde réel. Demain, peut-être que le fantastique s’en chargera.
Conclusion :
D’abord pensée comme un moyen de sortir du réel et d’exprimer la créativité, la science-fiction est devenue aujourd’hui une source d’inspiration pour modifier le réel. En repoussant les limites de nos cerveaux et la définition du “possible”, la fiction permet d’explorer une myriade de futurs possibles. Un véritable catalyseur d’innovation, de mise en mouvement et de reprise de contrôle sur son destin.
Le design fiction s’ancre totalement dans cette réflexion, qui pousse les organisations à repenser leur présent en se confrontant au futur. À partir de signaux faibles et de tendances émergentes, élaborer des scénarios prospectifs, des univers créatifs et sensibles, afin d’explorer de nouveaux potentiels. Dans le but d’établir une vision stratégique, faire face aux difficultés, se préparer aux changements, et créer des bifurcations.
Pour en savoir plus sur ce qu’est une bifurcation, on vous l'explique juste ici.