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Biennale du Design de Saint-Etienne

Sous le chapeau du collectif Milkshake Futurs qui a réunit la Guilde et d’autres designers indépendants comme Guillaume et Laurie, nous avons participé à la Biennale du Design de Saint-Etienne 2022 dont le thème était : bifurcations.

Bifurquer oui, mais où ? Voilà une question difficile à répondre car elle nécessite déjà de savoir sur quelle route nous sommes, quels sont les carrefours et autres sorties d’autoroute que l’on peut choisir, et surtout pour aller où ? Puis vient une deuxième question : qui a le droit de bifurquer ? Qui décide des routes que l’on prend ? À cette question, la Guilde est plutôt claire : TOUT LE MONDE. Pouvoir choisir où l’on s'oriente est un droit fondamental. De l’enfant de 7 ans au papy de 90 ans, tout le monde peut réfléchir et penser aux futurs. C’est une démarche transgénérationnelle, nécessaire face aux enjeux actuels. C’est avec cette démarche que nous avons été sélectionnés par la Biennale du Design. Une démarche qui s’inscrit dans la mouvance que l’on porte autour du design fiction. 

Une semaine de résidence à Roche-La-Molière 

Nous avons donc réalisé une résidence d’une semaine début juin dans la commune de Roche-La-Molière aux abords de Saint-Etienne. Notre camp de base était le centre culturel L’Opsis (que nous remercions une nouvelle fois pour leur accueil chaleureux). Une fois installés nous sommes partis avec notre super stand mobile sur le terrain, spécialement conçu pour l’occasion. Pendant plus de trois jours nous sommes allés à la rencontre des habitants : sur le marché, à la pharmacie du coin, au café de la place centrale, aux abords du château, dans une école primaire, à l’Opsis … 

le stand de design fiction

Ces rencontres nous ont permis de récolter de la matière. Mais de quelle matière parle-t-on ? Sous formes de verbatims, de dessins, d’interviews, de quelques mots écrits sur un post it… nous avons capté les envies des Rouchons et Rouchonnes, de ce qui leur manque du passé, de ce qu’ils aimeraient voir plus tard.


Une exposition hybride avec des artefacts des futurs 

Après la phase d’exploration et de récolte, nous avons utilisé la créativité des enfants et les idées des adultes pour imaginer des futurs alternatifs. Ces mondes alternatifs au nombre de six ont été accompagnés par la création d’artefacts qui portent en eux les traces de ces mondes. Le but ? Interpeller et questionner la désirabilité de ces mondes. Le design fiction est un outil de débat, il n’a pas pour vocation à être un générateur de solutions figées. Il doit interroger pour mettre en mouvement.

Pour finir la semaine nous avons mis en scène une exposition, reflet de nos sept jours de résidence, et qui est restée accessible tout le mois de juin. Elle a permis aux habitants de découvrir la matière de départ puis les mondes inventés par nos soins ainsi que les artefacts les accompagnant. Une exposition à l’image d’une photographie, d’un instantané. Une trace à la fois du passé, du présent et du futur.  

exposition d'artefacts de design fiction

Retours et enseignements. 


1° Les mises en mouvement sont plus faciles à petite échelle 

Si nous avons choisi d’intervenir sur une petite commune, c’est que cela permet d'avoir une plus grande proximité avec les habitants et de comprendre rapidement un microcosme. Si nous devions le faire sur une ville comme Paris ou Lyon, cela se ferait à l’échelle d’un quartier. En choisissant une échelle humaine on peut plus facilement créer des ponts, des connexions et mettre les personnes en mouvement. Les petites communes bénéficient également de cette proximité naturelle que l’on perd en milieu urbain dense.   


2° Être optimiste ça s’apprend 

La première réaction des personnes que l’on interroge dans la rue est d’abord “je sais pas”. Rarement habitués à ce qu’on leur demande leurs avis, ils abordent souvent un regard pessimiste sur le futur. “C’est pas possible” ; “c’est foutu”. Le manque de confiance en l’avenir a été palpable et confirme l’urgence qu’il y a à créer des futurs réjouissants. 

3° Les enfants ouvrent la voie

Les ateliers réalisés avec les enfants de primaires confirment une fois de plus que leur imagination est sans limite et qu’elle nous pousse, nous, les adultes, à challenger notre vision du monde. Ce monde, ce sont eux qui vont en hériter, il devient évident de les intégrer dans les discussions sur le futur.


4°  Plus motivés que jamais pour continuer dans cette démarche 

Nous avions réalisé une démarche similaire il y a 2 ans à Vogüe en Ardèche. Et nous sommes convaincus que venir “perturber” joyeusement le quotidien des habitants est une démarche qui a du sens. Elle permet aux personnes de se dire qu’elles peuvent réfléchir à demain, elle permet de se rendre compte des imaginaires collectifs à petites échelles. Et comme nous l’avons entendu parfois, cette démarche est un point de départ de nombreuses discussions. Des discussions qui seront, nous l’espérons, des graines de bifurcations !

stand de design fiction avec l'équipe de Popcorn Futurs